« Amusez vous bien. » Auggie embrasse une dernière fois sa fille et la regarde s’éloigner avec Charlotte. Le parc, pour au moins deux heures. C’est ce qu’il avait demandé à sa jeune fille au pair la veille pour pouvoir passer un peu de temps avec Ivy. Ils vivaient désormais sous le même toit mais on ne pouvait pas dire qu’ils partageaient beaucoup de temps libre seuls. Il y avait Cléo ou Charlotte en permanence. Mais cet après midi, ce serait juste eux. L’époque où il n’y avait qu’eux était révolu depuis bien longtemps et pourtant, aucun mauvais souvenir ne venait la gâcher. Son histoire avec la brune avait été magique, de celles que l’on ne trouve qu’une seule fois. Une amitié à toute épreuve pourtant de nombreuses fois molestées. Mais il avait toujours pu compter sur elle, peu importe ce qu’il se passait. Et c’était une chose qui n’avait pas de prix et il ne pourrait jamais la remercier assez. Mais il pouvait la distraire, la faire rire. Son sourire rehaussait sa beauté naturelle. « IVY ! » Depuis le salon, il leva la voix pour qu’elle l’entende, enfermée dans sa chambre. Il n’avait pas chaumé depuis le départ des deux filles. La maison était quasiment plongée dans la pénombre si ce n’est quelques veilleuses allumées ici et là. Laissée devant la porte de la brune se trouvait tout son nécessaire pour une partie de Laser Tag. C’était le jeu préféré d’Auggie lorsqu’il était plus jeune et il y avait souvent trainé Ivy. Il en avait acheté un nécessaire pour la maison pendant sa campagne pour l’aider à déstresser un peu. Il l’avait aperçu en rangeant deux trois cartons la veille et le jeu s’était imposé de lui-même. Après avoir entendu la porte ouvrir, il esquissa un sourire en imaginant la tête d’Ivy et attendit encore quelques secondes le temps qu’elle s’équipe. « Je te préviens, je ne ferai aucunement preuve de pitié ! » Il avait l’impression de replonger dans son enfance, accroupi derrière le canapé à attendre qu’il se passe quelque chose, son pistolet à la main pointé vers la porte. « Tu as un dernier mot à dire ? » Il avait atteint la trentaine et la brune n’était pas loin mais peu importait en réalité. Cet après-midi il n’y avait qu’eux pour juger et ce n’était pas leur genre.
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Sujet: Re: “ you're my person. ” Dim 17 Juin - 9:48
Citation :
i've wasted my nights, you turned out the lights ; now i'm paralyzed, still stuck in that time when we called it love but even the sun sets in paradise.
Toute sa vie tenait désormais dans cette pièce. Balayant la chambre d’un regard circulaire et consciencieux, elle fit rapidement l’inventaire des objets qu’elle avait emporté avec elle et un sourire naquit au coin de ses lèvres. Sa garde robe était essentiellement ce qu’elle avait conservé. Sans regret, car elle n’était pas du genre à la renouveler tous les trois mois ; elles se contentaient de pièces basiques et d’un style simple. Elle avait donc abandonné les meubles de son deux pièces et demi dans un magasin d’antiquités, attrapé quelques objets essentiels comme une photographie de sa famille réunie et plusieurs babioles considérées comme des porte-bonheurs et elle avait tourné le dos à sa vie présente. A sa vie passée. Car si Hanson Bay était l’occasion de voir sa petite famille et de passer du temps avec elle – et elle comptait bien le faire, Charlotte ou non- c’était également la possibilité de tout recommencer. D’abandonner chaines et boulets. De s’envoler de ses propres ailes. Fermant les yeux, respirant calmement, elle s’abandonna aux possibilités qui se présentaient à elle. Du moins, durant quelques secondes. Jusqu’à ce qu’une voix familière la tirent brutalement de ses rêveries. « IVY ! » La voix d’Auggie se répercuta plusieurs fois contre les parois de son crâne, mais ce fut son cœur qui réagit le plus promptement. Palpitant contre sa poitrine, il battait dans un rythme effréné. Elle se redressa, obéit à l’envie de le rejoindre. Pourtant, dès qu’elle poussa la porte, elle sentit que quelque chose avait changé. La maison était trop silencieuse, l’obscurité la recouvrait comme une chape de plomb. Cela la plongea quelques années en arrière, car elle comprit immédiatement qu’Auggie avait inventé un petit jeu, qu’ils allaient se défier, et s’amuser comme s’ils étaient âgé d’une dizaine d’années chacun. Elle s’avança prudemment, ses pieds nus sur leurs pointes. « Que... ? » chuchota-t-elle, mais sa voix mourut, absorbée par le sourire gigantesque qui naissait au bord de ses lèvres. Elle avait repéré l’équipement. Alors qu’elle attrapait le pistolet en s’imaginant déjà la victoire, la voix de son désormais ennemi retentit à nouveau dans la maison. « Je te préviens, je ne ferai aucunement preuve de pitié ! » Elle leva gentiment les yeux au ciel tandis qu’elle finissait d’enfiler le reste de l’équipement. Elle retrouvait exactement ce dont elle avait besoin et comprit finalement que Hanson Bay, Auggie, Cléo, étaient certainement la meilleure chose qu’elle avait à faire. « Tu as un dernier mot à dire ? » Armée, équipée et fin prête à lui mettre la raclée de sa vie, elle s’avança, restant néanmoins dissimulée derrière le mur. « Ouais... » Elle fit encore un pas, puis deux. Arrivée à la fin du mur, elle passa la tête, fit rapidement l’état des lieux mais se cacha à nouveau. Cible non repérée. « Crève ! » annonça-t-elle fièrement en s’élançant derrière le bar de la cuisine. Assise sur le carrelage froid, elle éclata soudainement d'un rire cristallin. « Je ne peux pas croire que tu m'aies embarquée là-dedans... »