Trying to blow you up with Lady Gaga playing in the background.

NOM(S) Wilde

PRENOM(S) Sasha Clyde

AGE Vingt ans

NATIONALITE Américaine

METIER Etudiant en histoire et littérature, serveur

SITUATION AMOUREUSE Coeur pris, n'a cependant rien contre les coups d'un soir.

FEAT Mathias Lauridsen

Je suis face à la mer. Je rêve d’être emporté par la houle, me laisser aller au gré du vent, le soleil chaud sur ma peau. Aller vers l’Ouest, dépasser l’horizon, me rendre jusqu’à l’autre rivage pour enfin quitter Hanson Bay. Cette ville m’a vu naître et jusqu’à présent je ne l’ai pas quittée. Vingt ans de ma vie à errer dans ces rues. Elles sont chargées d’histoires insolites, de souvenirs. Si une partie de moi y est attaché, une autre les répugne. Je connais chaque recoin de son parc, de sa plage, de ce petit salon de thé dans lequel on se retrouve, mes quelques amis et moi. La monotonie, je crois qu’il n’y a pas de mot plus opportun pour qualifier ma vie. Sans cesse les mêmes fréquentations, le même emploi du temps, les mêmes paysages, la même chaleur écrasante. Invariablement mon existence défile sous mes yeux. Je finirai comme ces ploucs, à la pompe à essence ou à servir dans le seul bar qui a bien voulu de moi en dépit de mon jeune âge. J’aime la fac, vous savez. Sincèrement. Mais je ne suis pas fait pour les études. Le statut d’étudiant est pourtant confortable, rester assis sur une chaise et me laissez porter par un cours. Surtout celui d’histoire, rien n'est plus passionnant que la Guerre de Sécession, ou encore la déségrégation dans les sixties. Il m’arrive de m’endormir, parfois. J’ai l’impression qu’on me raconte une histoire et la voix rauque et masculine de Mr Lewington me berce. Son accent anglais doit y être pour quelque chose, aussi, sûrement. Son intonation a quelque chose de rassurant, elle m’apaise. Quand je ferme les yeux j’ai l’impression d’être ailleurs, avec lui. Dans son pays, loin, très loin de Californie. Il m’est déjà arrivé de penser à lui, Mr Lewington, quand je promenais avec mon chien près du port. Pour tout dire, je pense souvent à lui, quand je suis dans des endroits étranges. Je me demande si son existence lui plaît. Parfois il a l’air plus triste que moi. Je me demande alors pourquoi il a quitté le Royaume-Unis, et ce qu’il est venu chercher ici. Secrètement, j’espère que c’est moi. Quand je lui souris en cours, que je me force à suivre ce qu’il peut bien raconter sur le Mayflower, les puritains et toutes ces choses bizarres et obscures de notre Histoire, j’espère qu’il comprend… Qu’il comprend qu’il n’est pas seul. Quelques fois on se lance un regard et j’ai l’intime sensation qu’il n’y a que lui et moi au monde. Qu’on est liés, connectés par un lien étrange, quelque chose de métaphorique peut-être. J’aimerais tellement lui parler d’égal à égal, d’esprit à esprit. Lui confier quelques secrets, lui dire à quel point je l'estime. Parfois mes amis se moquent de moi, ils savent qu’il ne me laisse pas indifférent. Ils disent que c’est un fantasme stupide et que je ferais mieux de l’oublier, comme tous ces autres profs qui m’ont un jour donné le vertige. Pourtant avec lui les choses sont différentes, je le sais. L’autre jour il a débarqué au bar et je lui ai offert une bière, qu’il a gentiment accepté. J’aurais aimé lui parler ce jour-là, mais j’avais Greg sur le dos, l’Espace était plein à craquer et j’étais seul au service. Je me souviens lui avoir dit un vague « à bientôt » avant que sa silhouette ne s’évanouisse dans la foule, comme englouti par cette masse informe que forment les habitants de Hanson Bay. Ils n’ont pas idée de la perle anglaise qui déambule auprès d’eux, il ressort clairement du lot. Si seulement il me voyait comme je le vois, verrait-il seulement tout le respect et l’affection que je lui porte ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Si j’avais quelques années de plus déjà, et que j’avais un peu plus d’ambition. Mes notes sont médiocres, certes, mais je ne suis pas un incapable. Depuis son arrivée je remonte la pente. Avec ma mère à m’occuper et mon petit job, j’ai du mal à me plonger dans le travail, mais ce n’est pas faute d’essayer. Ah comme j’aimerais ne plus être transparent, ne plus être laissé au rang de Sasha l’élève taciturne qui n’embête personne. Il m’arrive de vouloir me rebeller, d’affirmer haut et fort ce qui me pèse sur le cœur. D’être un homme un vrai, comme dit mon beau-père. Qu’est-ce qu’il m’énerve celui-là, il pense avoir tout compris à la vie mais il ne sait rien. Qu’il s’étouffe dans son rire gras, c’est ce qu’il a de mieux à faire. Peut-être est-ce aussi la meilleure option qu’il me reste. Quel est le mec qui a dit qu’entre la vie et la mort, tout est à se rouler par terre ? Il a raison.

Dévoué, taciturne, sauvage, cancre, naïf, discret, affectueux, rieur, écorché vif, pacifiste, passionné, curieux, secret, bien intentionné, rêveur.

Aime Roman Lewington, le chocolat chaud à la cannelle, veiller tard pour jouer aux jeux vidéos, les couchers de soleil, ses cours d'histoire, se réveiller tard le Dimanche, écouter de la musique fort, le bruit du papier à bulles quand elles explosent, l'odeur de l'air après la pluie, le chardonay de sa mère, la douceur du sable sous ses doigts, s'enfouir dans les bras d'un homme. N'aime pas les filles, insectes, l'odeur de l'essence, celle de la déglutition, le bruit de la craie sur un tableau, faire ses devoirs, son petit boulot, le prénom de son beau-père, les coups et les réprimandes, les endives.